APRES LA SURETE (1832-1857)  

            "J'ai délivré la capitale des voleurs qui l'infestaient. Je veux aujourd'hui délivrer le commerce des escrocs qui la dévalisent" : Telle fut la volonté de fondatrice du Bureau des renseignements dans l' intérêt du commerce (futur "Bureau des renseignements universels") que Vidocq créa en 1833 après sa démission de la Police de Sûreté. C'était sorte d'agence de détectives privés spécialisée dans un premier temps dans les enquêtes que des créanciers ou des industriels souhaitaient mener sur leur futurs clients ou débiteurs avant d'entrer en affaire avec eux. Les agents d'affaires de l'époque exerçaient un peu le même type de tâches aussi le rôle de premier détective privé du Monde que l'on donne parfois à Vidocq doit être nuancé. Vidocq étendit ensuite les actions de son agence en couvrant aussi le domaine plus privé (constats d'adultère entre autres choses).

                                         "VIDOCQ
     Ex-Chef de la police particulière de sûreté, qu'il a dirigé pendant 20 ans avec un succès incontesté.
    Ventes et Achats de toutes Propriétés, d'Usines, d'Actions industrielles, de  Brevets d'invention, de Fonds de Commerce, Clientèles, Emprunts, Placements de Fonds, etc. , etc.

Je ne crains dans ma carrière, ni concurrence ni rivalité ; tous ceux qui ont tenté de m'imiter ont échoué : cela devait être La Gazette des Renseignements ou le Tocsin, a fondu sa cloche dans les prisons de Mézières. Le Phare du Commerce est allé s'éteindre dans les cabanons de Bicêtre. L'éclaireur Commercial a jeté un si grand jour sur ses turpitudes, que la justice l'a condamné a plusieurs mois de prison : leurs successeurs ne sont pas plus heureux.

20 FR. PAR ANNEE,  Et l'on est à l'abri de la ruse des plus adroits fripons.

ADMINISTRATION

Elle se charge de suivre toutes les procédures ordinaires et extraordinaires, d'opérer les recouvrements difficiles, en France et à l'étranger(les ancienne relations du Directeur avec les Polices étrangères le mettant à même de rendre de grands services) pour l'extradition des banqueroutiers, faillis et débiteurs réfugiés en pays étrangers et outre-mer. Étant a même de connaître préalablement la position financière des débiteurs, nul ne sera poursuivi s'il est réputé insolvable; conséquemment grande économie de frais de poursuite, etc..
Pour obtenir une solution prompte et satisfaisante, le Directeur s'est entouré des lumières d'avocat et d'avoué, aussi instruits que recommandables; et pour plus de sécurité et célérité dans l'exécution des jugements, un huissier et un garde du commerce, probes. et expérimentés, sont spécialement attachés à l'administration.
On traitera de gré à gré pour la recherche des débiteurs fugitifs, réputés introuvables, soit en France, soit en pays étrangers.
On se charge aussi de toutes surveillances, recherches et explorations dans l'intérêt du commerce. et des familles, afin de connaître la moralité, les antécédents et la probité des personnes qu'on emploie, à quelque titre que ce soit.
Enfin on trouvera dans l'administration des renseignements sur tout en général, le Directeur se flattant de pouvoir satisfaire à toutes les exigences. On entreprend tout voyage en France, à l'étranger et outre-mer.

Renseignements dans l'intérêt du Commerce. de l'Industrie et de la Propriété.

L'abonnement est de 20 francs par an; il donne à l'abonné(pour sa maison seulement), le droit de faire vérifier si les personnes qui lui demandent crédit ne sont pas notées sur les tablettes de l'administration. Ceux qui ne voudront pas s'abonner paieront 5 fr. pour chaque vérification. Il est arrivé que des négociants abonnés à mon bureau depuis plusieurs années, s'étant trouvés pendant la durée de leur abonnement à l'abri des tentatives des escrocs et des faiseurs, ont cru devoir ne pas le continuer; mais à peine avaient-ils cessé d'avoir recours à mon expérience et à mes conseils, qu'ils sont devenus la proie des fripons, toujours à la piste des négociants faciles et confiants. J'ai malheureusement plusieurs exemples de faits semblables à citer, et je crois qu'il doit suffire de les indiquer au public, pour qu'il n'hésite pas à s'en garantir. Le prix de l'abonnement est d'ailleurs si minime, qu'un commerçant, quelle que soit l'étendue de ses affaires, ne saurait s'abstenir d'y avoir recours, sans mériter le reproche de parcimonie et d'imprudence. On traire de gré à gré pour toutes espèces de recherches, de renseignements et d'explorations. Dans ce cas, la rétribution est toujours fixée selon l'importance des affaires et les difficultés à vaincre.
. On se charge d'épurer les clientèles des négociants, d'en évincer les véreux, d'en former de nouvelles, dont la solvabilité ne serait pas douteuse.
On fournira des renseignements raisonnés, approfondis et impartiaux, sur toutes les industries; on indiquera la valeur réelle des fonds de commerce, des établissements de toute nature, et clientèles à vendre; on donnera des notes sur la valeur exacte des actions de
toutes les sociétés industrielles. En on indiquera du doigt les écueils afin de les éviter.
Mon administration a rendu depuis 1853, époque de sa fondation, assez de services au commerce et à l'industrie, pour qu'il me soit aujourd'hui permis de parler haut et franchement au monde commercial.
Cet établissement, fondé et constamment dirigé par moi, et à l'aide duquel on peut défier les fripons de toute espèce, est maintenant, je ne crains pas de le dire, une des nécessités indispensables de l'époque. Plus de 4,500 personnes dont les noms figurent sur mes registres, pourraient
au besoin attester la vérité de mes paroles. J'ai fait restituer à un grand nombre de mes abonnés pour des sommes considérables de marchandises
que d'adroits fripons leur avaient escroquées. J'ai fait rentrer des sommes très fortes, provenant de créances depuis long temps périmées et regardées comme perdues. J'ai mis entre les mains de, gardes du commerce un grand nombre de débiteurs fugitifs, réputés introuvables,
dont la majeure partie ont payé avant d'entrer en prison. J'ai sauvé mes abonnés des pièges de toute nature que leur avaient tendus de prétendus négociants, auxquels ils avaient vendu à terme des marchandises, qu'ils n'ont pas livrées par suite des renseignements que je leur ai fournis sur le compte de ces flibustiers; en un mot, le BUREAU DES RENSEIGNEMENTS, dont les opérations sont enfin bien connues, a porté un coup funeste à l'industrialisme des escrocs, des faiseurs et de chevaliers d'industrie. J'ai fait, je dois en convenir, beaucoup plus que je ne comptais faire; et aujourd'hui, si seulement les commerçants, qui ont eu souvent recours à moi, veulent bien m'accorder ouvertement
leur patronage; il me sera possible de faire beaucoup plus encore; et pour cela il ne suffira que de réaliser l'exécution d'une idée que je mûris depuis plus de vingt ans. Mettre tous les individus qui exploitent le commerce, l'industrie et la propriété dans l'impossibilité absolue de nuire; diminuer considérablement d'abord le nombre des faillites et par la suite les rendre tout à fait impossibles: voilà ce que je veux faire; tel est mon projet. Je le crois éminemment utile à mes concitoyens; et c'est dans cette idée que je l'entreprends.
 

...à suivre....

        Le principe de son agence est le suivant : moyennant un abonnement de 20Fr. par an, banquiers et commerçants s'assurent les services  de surveillance et de contrôle de leurs clients et partenaires. Toute transaction ne se fait plus qu'après un contrôle auprès du Bureau. Vous êtes en affaire avec untel, l'administration Vidocq se charge de faire toutes les recherches nécessaires à vérifier son honnêteté et sa solvabilité.

        Un an après l'ouverture de l'agence, Vidocq a environ 4000 clients. Sa réputation de policier hors pair est sa meilleure publicité et ses connaissances dans la police étrangères lui assure un champ d'action international. Vidocq bénéficie d'une conjoncture très favorable : C'est l'âge d'or des industries et des escrocs qui la parasitent.

        Par cette nouvelle activité, Vidocq acquière une très bonne réputation auprès de tous les commerçants qui présentent désormais leur "appartenance" à l'agence Vidocq comme une garantie.

Les règles de vie sont très dures au sein de l'agence comme en témoigne le règlement intérieur daté de 1837

Article 1er : Du 1er Avril au 1er Octobre tous les employés à l'intérieur devront être à leurs postes à 8 heures précises du matin; ils iront déjeuner à 10 h 1/2 et rentreront à Il heures; ils iront dîner à 5 h 1/2 et seront rentrés à 7 heures précises pour continuer leur travail jusqu'à 10 heures du soir.

Article 2 :  Du 1er Octobre au 1er Avril, ils se rendront à leurs postes à 8 heures 1/2 du matin, déjeuneront à 10 heures 1/2 et seront de retour à 11 heures; ils dîneront à 5 heures 1/2 et rentreront à 7 heures pour continuer le travail jusqu'à 10 heures 1/2 du soir.
De cette manière, chaque employé doit à l'administration 13 heures de travail par jour. Le dimanche, le travail à l'intérieur cesse à 3 heures de l'après-midi; sur trois commis, un sera de garde jusqu'à 10 heures du soir, s'ils étaient quatre, deux resteraient en permanence. Tout travail après dix heures du soir en été et après dix heures et demie en hiver est considéré comme extraordinaire et sera payé à l'heure sur le taux du traitement.

Article 3 : Les heures de travail pour les employés extérieurs ne sont pas fixées; leur service commence et finit selon l'exigence et l'importance des affaires. Tout travail avant cinq heures du matin ou après minuit sera payé à l'heure. Les explorateurs resteront tous les soirs au bureau pour rendre compte ou recevoir des ordres, ceux qui manqueraient sans motif justifié perdront le prix d'une journée de travail.

Article 4 : À son arrivée ainsi qu'à sa sortie, on signe une feuille de présence en indiquant l'heure, le garçon de bureau est responsable de l'exécution cette disposition. En conséquence, il veillera à ce que l'heure d'indication d'arrivée ou de rentrée soit exacte; s'il avait des complaisances coupables, il payerai l'amende que l'employé aurait encourue.

Article 5 : Le retardataire sera d'abord réprimandé et en cas de récidive sera puni d'un ou de plusieurs jours de retenue de leur traitement selon le cas. il en sera de même à l'égard de ceux qui négligeraient leur service ou feraient mal leurs explorations ou leurs surveillances. Ceux que l'on trouverait absents de leur surveillance sans motif impérieux et reconnu vrai et qui auraient négligé de marquer l'absence seront punis de la retenue d'un jour d'appointement et plus s'il y a récidive.

Article 6 : Aucun employé ne peut s'absenter de l'administration sans avoir prévenu le Directeur et sans avoir obtenu la permission; ceux qui enfreindraient cette disposition seront punis d'une retenue d'un jour de travail outre la perte de temps. il en sera de même pour ceux qui ne s'étant pas présentés le matin à l'heure indiquée et qui n'auraient pas informé immédiatement le Directeur du motif de leur absence qui sera constatée ou contrôlée si on le juge convenable. Les jours d'absence de l'administration pour un motif quelconque soit même d'indisposition ou de maladie ne seront pas payés; celui qui feindrait une maladie pour s'absenter sera puni d'une retenue d'un jour de paye, outre le temps perdu. Et plus en cas de récidive.

Article 7 : Chaque employé devra être pourvu des objets nécessaires à son travail, tels que canifs, règles, plumes, etc. Ils doivent toujours avant de sortir tenir leur place en état de propreté et ranger leurs papiers, notes, etc.

Article 8 : Les explorateurs auront au moins une casquette, une blouse et une veste pour se déguiser au besoin.

Article 9 : L'usage du tabac soit à fumer soit à mâcher est interdit dans les bureaux. Il est également défendu d'y boire et manger, ni d'y rien faire que pour le service de l'administration.

Article 10 : Les employés devront toujours être vêtus d'une manière décente et propre, surtout décrottés (sic). Ceux qui enfreindraient cette disposition ne seront point admis et perdront le salaire de leur journée. Il est également défendu de se dévêtir ou de se déchausser dans les bureaux et d'y rester couvert même d'une casquette ou d'un bonnet.

Article 11 : Il est interdit aux employés de toute classe d'acheter ou de se fournir à crédit chez les clients de l'administration. Ceux qui contracteraient des dettes s'engagent et autorisent par le présent le Directeur à une retenue immédiate pour les acquitter en totalité envers leurs créanciers si ceux-ci l'exigent.

Article 12 : Aucun commis ou employé ne pourra recevoir qui que ce soit dans les bureaux, ni même s'y faire adresser des lettres ou autres objets.

Article 13 : Celui des commis ou employés qui oserait solliciter ou mendier soit gratification soit pour boire ou étrennes sera puni sévèrement d'une amende du double de ce qu'il aura reçu. On peut recevoir des gratifications mais dans aucun cas on ne doit les demander.

Article 14 : La discrétion étant l'âme d'une bonne administration, il est défendu aux commis et employés de toute classe de se communiquer réciproquement les notes, soit de surveillance ou de recherches, ni de parler des affaires dont ils sont chargés; aucun d'eux ne doit se permettre d'ouvrir ou d'examiner un dossier dont le travail ne lui est pas confié; à cet égard, les pièces et notes devront toujours être retournées dans les bureaux, de manière à ce que les curieux ne puissent les lire. Celui des employés intérieurs ou extérieurs qui prouvera avoir obtenu de son camarade une confidence de cette nature sera récompensé d'un montant d'une journée de travail retenue à l'indiscret qui lui aura fait cette confidence.

Article 15 : Tout commis ou employé vénal, infidèle ou indiscret sera renvoyé sur-le-champ; les rapports faux ou mensongers entraîneront une punition grave et des retenues proportionnées au préjudice causé.
L'ivrognerie et les jeux, ces deux vices honteux, seront réprimés avec sévérité.
Le silence est de rigueur, il ne doit être rompu que pour cause de service, toute lecture et introduction de livre, brochure, journaux, sont interdits dans les bureaux ainsi que toute discussion politique.

Article 16 : Le commis d'ordre ne remettra à qui que ce soit des autres commis ou employés ni papiers ni notes sans un visa du Directeur; la note devra rester aux lieux et places du dossier pour être rendue lors de la remise et anéantie si un employé quelconque demandait l'adresse et le nom de la personne à qui appartient tel ou tel numéro, il faut le renvoyer au Directeur.

Article 17 : Les commis ou employés tant à l'intérieur qu'à l'extérieur ne devront rendre compte de leur travail, missions, surveillances ou explorations qu'au Directeur seul et par écrit. Dans aucun cas ils ne doivent rendre compte aux clients. Si par hasard (sic) des employés étaient questionnés par des clients, ils devront se refermer sur le silence le plus absolu et faire la réponse suivante: Adressez-vous au Directeur. Aucun renseignement ne sera donné au client ni verbalement, ni par écrit, sans l'ordre ou le visa du Directeur.

Article 18 : Les employés auront le soin de toujours joindre à leurs rapports A notes qu'ils auront reçues, d'indiquer le n° de la note, ceux qui négligeront cette disposition seront réprimandés les deux premières fois et à la 3ième fois mis à l'amende de 50 centimes. Ils devront aussi lorsqu'ils auront reçu de l'argent pour les dépenses extraordinaires en rendre compte avec le rapport en rentrant. Ils ne peuvent en aucun cas disposer de ces sommes que pour le service aux quelles (sic) elles sont destinées sous peine de punition d'une retenue d'un jour de travail. Tout employé qui sera envoyé en voyage devra tenir note exacte jour par jour de sa dépense, joindre les mémoires acquittés et les bulletins de voiture ou diligence; enfin justifier autant que possible de l'emploi de l'argent. Il est défendu aux employés de recevoir aucune somme du client ou débiteur, le caissier seul y est autorisé à moins d'être porteur d'un reçu signé du Directeur.

Article 19 : Ceux des employés qui feraient des dégradations ou casseraient quelque chose seraient responsables des dégâts ou factures qui seraient retenus sur leur traitement. Si l'auteur ou les auteurs de ces dégâts sont inconnus, la valeur sera payée par la masse des employés du bureau où le dégât a été commis.

Article 20 : Il est interdit aux employés explorateurs de s'introduire dans les bureaux ni dans l'antichambre sous peine d'une retenue d'un franc et double pour récidive; les commis ou les garçons de bureaux qui les souffriraient seraient punis de la même peine.

Article 21 : Celui des employés qui écrirait sur les murs, pancartes, vitres, etc., sera puni d'une amende triple du dégât mais jamais moindre de un franc et plus si le dégât est considérable.

Article 22 : Tous les commis et employés seront payés à la journée, la paye se fait tous les 15 jours. Il ne sera pas fait d'avances; les dettes contractées étant dans l'administration seront payées au moment de la réclamation et retenues sur la première quinzaine.

Article 23 : Les rapports des employés explorateurs devront être très détaillés, ils donneront le signalement et les vêtements de l'individu qu'ils suivront ainsi que celui des personnes avec lesquelles ils se réuniront, ils auront 'soin d'indiquer dans leurs rapports les rues où ils auront passés (sic), le temps qu'ils seront restés dans les maisons, les heures d'entrée et de sortie, ils feront au coin des rues ou places une marque semblable : "x".
Lorsqu'ils seront en voiture, ils ne marqueront qu'aux endroits où ils s'arrêteront, ils marqueront de même aux environs des maisons où ils iront prendre des renseignements ou faire des vérifications. À cet effet ils auront toujours de la craie blanche à leur disposition, ceux qui en seront dépourvus ou qui négligeront de marquer seront pour la première fois réprimandés, en cas de récidive, ils seront punis de la retenue d'un jour de salaire. Lorsqu'ils se serviront de voiture, ils prendront le n° de celle dans laquelle sera l'individu recherché, ainsi que celui de celle dans laquelle ils monteront. Ils devront toujours savoir le nom et la demeure du cocher ou de l'administration à laquelle appartient la voiture afin de faire des vérifications au besoin, ceux qui négligeront de le faire ne seront pas remboursés du montant de leur dépense. Les punitions seront plus fortes en cas de récidive et en raison des préjudices causés. Lorsque les explorateurs quitteront le lieu de leur surveillance pour un motif quelconque, ils
feront sur un endroit visible cette marque "0" afin d'indiquer qu'ils suivent l'individu. S'ils étaient allés satisfaire un besoin, ils feraient cette marque. Tous les explorateurs reviendront le soir rendre compte au bureau à moins d'ordre contraire.

Conditions expresses

Toutes les personnes sollicitant un emploi quelconque dans l'administration sont tenues de faire sans rétribution ni salaire un surnumérariat de 15 jours à titre d'essai et d'apprentissage.
Ceux qui ne seraient pas admis ou qui par la suite seraient révoqués n'auront droit à aucun salaire ni indemnité et ne pourront dans aucun cas réclamer les huit jours de souffrance qu'on est dans l'habitude d'accorder aux gens à payer; le Directeur se réservant le droit d'exclure sans avertissement préalable les employés qu'il lui conviendrait de supprimer.
Les employés qui seront supprimés ne pourront exiger du Directeur que le nombre de jours effectifs à compter de celui de leur admission et déduction faite des 15 jours de surnumérariat.
Tous les employés indistinctement sont à la journée; il n'y a aucun traitement mensuel ni annuel.

Les soussignés déclarent avoir lu le règlement et ne l'avoir signé qu'après en avoir pris une connaissance parfaite; ils s'engagent formellement de s'y conformer et l'exécuter sans restriction ni réserve; et en cas de contravention ou d'inexécution de leur part, ils s'obligent à payer toutes amendes et retenues qui leur seraient faites par suite de l'inexactitude à remplir leurs devoirs sans réclamation ni discussion ; renonçant à toutes actions devant les tribunaux.


 

        Les succès du Bureau de renseignements de Vidocq provoquent la jalousie de la Police officielle, mais peu efficace, de Louis-Philippe. En 5 ans d'activité, il a vingt mille clients !. Les "faiseurs" et quelques débiteurs de haute noblesse manipulent une police complaisante et le 28/11/1837 à 8h du matin, les bureaux de Vidocq installés Rue Neuve St Eustache sont perquisitionnés. La Police y saisit 3 à 4000 dossiers, pour le reste, ils sont dans la mémoire de Vidocq. Dans ses anciens bureaux rue du Pont Louis-Philippe, la Police récupère 2137 dossiers datant de la période 1811 à 1827, lorsque Vidocq était encore chef de la sûreté. Vidocq est arrêté et écroué à Sainte-Pélagie accusé de profits illicites et de corruption. Mais Vidocq n'aura pas droit à un procès car les jugent prononcent un non-lieu.

        A sa sortie Vidocq publie l'affiche "Liberté" le 3 Mars 1838.

Dans les années 1840, Vidocq installe ses bureaux au N°13 passage Vivienne (Voir Annexe : La galerie Vivienne).

        Le 17 Août 1842, Vidocq est à nouveau arrêté et écroué à la Conciergerie pour séquestration d'un certain Champaix (faiseur de son état). L'arrestation est bien sûr encore une manœuvre de la Police pour faire entrave aux activités de Vidocq chez qui on saisit cette fois 8000 dossiers. Vidocq fait peur car il sait beaucoup de chose sur beaucoup de gens.

        Il reste en prison durant 8 mois sans aucun jugement. Son procès aura lieu le 3 mai 1843 et il est condamné en première instance à 5 ans de prison et 3000 Frs d'amende mais est finalement acquitté en appel le 22 Juillet car les accusations ne reposent sur rien. D'aucuns estiment que ce genre de manœuvres avaient pour but d'affaiblir l'entreprise de Vidocq. Quoiqu'il en soit Vidocq a l'opinion publique et la presse derrière lui.

        A sa sortie Vidocq publie l'affiche "Résurrection" en Juillet 1843.

        Mais le Police s'acharne encore et une ordonnance de la Préfecture de Paris veut chasser Vidocq de Paris. Ce dernier refuse d'obéir et demande un procès mais la Préfecture recule et Vidocq reprend ses affaires quelques temps puis vend son agence.

        En 1844 il publie "Les vrais mystères de Paris" (en réponse aux "Mystères de Paris" d'Eugène Sue) puis en 1845 "Les chauffeurs du Nord" inspirés de son passage dans une bande de chauffeurs durant sa jeunesse et de sa lutte contre ses même bandes durant sa période Chef de la Sureté. Ces deux ouvrages eurent le succès que la seule signature de Vidocq suffisait à leur donner.

        C'est vers cette époque qu'il entretint d'étroites relations avec Balzac dont il enviait la plume. Balzac s'inspira de Vidocq pour certains de ses personnages de la "Comédie Humaine".

      Dans les années 1845-1846, Vidocq se donne en spectacle à Londres au théâtre Cosmorama dans Regent-Street où il connu un certain succès. Il racontait sa vie en se grimant et en s'habillant des multiples déguisements dont il avait usé au cours de ses aventures. C'est à cette période qu'on annonça la fausse nouvelle de sa mort (voir La rumeur).

        Le 23 Septembre 1847, Fleuride-Albertine Maniez, la troisième épouse de Vidocq décède des suites d'un cancer de l'utérus (Voir article sur Fleuride-Albertine Maniez). Les circonstances de sa mort par excès de laudanum sont encore une fois utilisées pour attaquer Vidocq.

En Novembre 1847, Vidocq se retire des affaires et revend l'agence de "Renseignements universels".

       Sortant de sa retraite, c'est durant la révolution de 1848 que Vidocq entre à nouveau en scène aux côtés de Lamartine dont il sauve la vie. Certains historiens diront que Vidocq fut l'un des sauveurs de la monarchie de par ses actes de bravoure sur les barricades (il a quand même 73 ans !). Mais le pouvoir en place aura la mémoire courte et seuls quelques parisiens reconnaissants du fait que Vidocq et ses hommes les ont sauvé de la hargnes des révolutionnaires souligneront par une pétition le rôle de Vidocq durant ces évènements.

      En 1849, il est à nouveau emprisonné puis relâché 3 jours plus tard (en fait il fût entendu en tant que simple témoin au procès d'un certains Bormes qui avait menacé plusieurs fois Lamartine).

      Durant le reste de sa vie, il continuera à rester actif en particulier en soutenant Napoléon III : Il proposera à ses proches de le faire évader de Ham durant sa détention et dira lui avoir fait obtenir 8000 voix sur Paris au cours de son élection et autant dans la proche banlieue. Mais le Prince restera sourd à ses appels et les investissements financiers et humains de Vidocq le contraindront même à demander de l'aide financière partout où il le peut. Il est contraint à vendre une partie de ses biens et finit par aller prendre ses repas chez des amis (qui selon M. Barthélémy étaient peut-être aussi ses débiteurs), les Lefèvre. En remerciement de toutes leurs bonté, les Lefèvre seront les principaux bénéficiaires de l'héritage de Vidocq.

La mort du vieux Lion

      En mai 1857, Vidocq a bientôt 82 ans et est très malade, il fait une rechute d'une attaque de choléra mal soignée. Il est paralysé et s'exprime avec difficulté. Inspiré par la légende d'Anthé, il demande à ce qu'un peu de terre soit répandue sur le sol de sa chambre afin, pense t'il, y re-puiser des forces comme le géant de la mythologie, il fait quelques pas et s'écroule. Il décèdera à son domicile, 2 rue Saint-Pierre-Popincourt, le 11 mai 1857 entouré de ses derniers amis fidèles. Il demandera un enterrement avec cortège du pauvre mais eut finalement un enterrement dit de 5ème classe (donc un peu plus "riche") suivi par 100 pauvres payés 3fr chacun (c'était l'usage à l'époque)). Il sera inhumé dans une totale indifférence et outre les 100 pauvres rétribués, on ne comptera pas plus de 10 personnes à l'église Saint Denys du Saint-sacrement.

Ci-dessous l'extrait du registre de l'église Saint Denys du Saint-sacrement

"12 mai 1857 Vidocq Eugène / A été présenté en cette église le corps de Eugène François Vidocq, né à Arras et décédé rue St Pierre Popincourt ??? à l'âge de 85 ans (sic) ; ont signé avec moi.
Signataires :
        - Dornier (Médecin de Vidocq depuis 30ans)
        - D.M (?????)
        - Lefèvre (Famille amie de Vidocq et qui hérita d'une grande part de ses biens)
        - Maurice Barthélémy (Ami et biographe de Vidocq)"

Ci-dessous le contenu de l'article du Figaro du 21 Mai 1857 relatant sa mort :

    "ENCORE VIDOCQ

Nous empruntons, à un journal sans importance, les détails suivants
Quelques jours avant de tomber dans le marasme de l’agonie, Vidocq eut un caprice, qui prouve que l’imagination de cette tête ardente, qui n’avait si longtemps travaillé que pour le crime, survivait aux années et à l’approche du moment suprême. Il se figurait que, nouvel Antée, il reprendrait des forces nouvelles et renaîtrait à l’existence et à la vigueur de ses premières années, si de ses pieds mourants il pouvait fouler la terre à laquelle il retournait !
On s'empressa de satisfaire au désir manifesté par le moribond, et l’on étendit devant son lit une couche de terre. Vidocq se leva péniblement, soutenu par ceux qui le soignaient; il étendit ses vieilles jambes d’hercule amaigri, et quand il sentit la terre sous ses pieds nus et crispés, un éclair de vie sillonna son front ; il se dressa tout debout, mais ses forces anéanties se brisèrent dans cet effort, il retomba inerte et glacé. De ce moment, il comprit que c’en était fait de lui, et sans plus conserver aucun espoir dans ce monde, il se prit à songer au salut de son âme.
Un sentiment mondain — si l’on peut ainsi parler — lui tenait cependant au coeur : il ambitionnait d'avoir du monde à son convoi funèbre. Il ordonna donc que l'on convoquât tous les pauvres du quartier pour suivre soit cercueil, et il prit des mesures pour qu'on allouât 3 francs par tête. L’habit noir était dans ce deuil en imperceptible minorité.
A propos de cette mort sans retentissement, car je crois qu’aucun journal ne l’a annoncée jusqu’ici, on me racontait la dernière expédition de Vidocq. Elle pourrait servir de canevas à un petit drame pour un de nos théâtres des boulevards.
Un riche négociant de Paris vint trouver Vidocq et lui confia qu’il venait de constater un déficit de 150.000 francs dans sa caisse ; Vidocq lui demanda :
— Quel âge a votre caissier ?
- Vingt-cinq ans, muais je suis sûr de lui comme de moi-même ; il a été volé, c’est une victime comme moi.
— Vous êtes marié?
— Oui.
- Quel âge a votre femme ? Est-elle jolie ? Est-elle honnête ?
— 0h ! Monsieur, ma femme c’est la vertu même, l’honneur même, le dévouement même, l’amour conjugal incarné, etc., etc.
— Il ne s’agit pas de tout cela; votre caissier a vingt-cinq ans; votre femme est-elle jolie ?
— Enfin, puisque vous le voulez, oui, elle est jolie ; mais...
- Mais, Mais !... Il ne s’agit pas de mais! Vous voulez retrouver votre argent, n’est-ce pas, et vous avez confiance en moi?
— Parbleu! Puisque me voici!
— Très bien, rentrez chez vous; simulez un départ pour la campagne, et introduisez-moi dans la place.
Ainsi dit, ainsi fait, le négociant part. Vidocq se cache dans un cabinet voisin de l’appartement de la dame.
On sert le déjeuner; un jeune homme entre; la femme lui dit :
"Eh bien, il est parti, mais il a des soupçons, nous sommes perdus !.
L’émule de Carpentier entame une longue tirade d’amour concluant par ces mots « Un seul parti nous reste, prenons ce qui reste et allons nous embarquer pour,..."
Vidocq se montre. Tableau.
— Mes chers enfants, du calme, ou je vous casse la tête à tous les deux. Nous nous comprenons, n’est ce pas? Maintenant répondez. Où est l’argent volé?
— Il ne nous on reste que 100.000 fr. — dit la femme coupable.
— Bien vrai?
— Je le jure !
— Très bien ! rendez l’argent.
— Le voici.
— Très bien! c’est une affaire oubliée, n’en parlez jamais à votre mari, il ne saura rien. Quant à vous, monsieur, donnez-moi vos jolis petits pouces.
Il lui met des menottes, le conduit au Havre et l’embarque à bord d’un navire en partance, en lui laissant pour dernier adieu : " Allez vous faire pendre ailleurs."
Vidocq revint à Paris, rendit l’argent au commerçant, lui disant : "Votre caissier était le voleur mais il avait mangé 50.000 fr. avec une danseuse ; je l’ai embarqué pour les Etats-Unis. Epilogue. Jamais on n’a connu de ménage de négociant plus heureux que celui du client de l’ancien chef de la brigade de sûreté.
Parmi les objets curieux que laisse Vidocq dans sa succession, il y a, dit—on, un malle dans laquelle se trouve une des plus complètes collections de décorations connues, les bracelets d’une actrice de nos Théâtres et, à ce que l’on dit, des lettres de grands personnages.
En doux mots, voici l’histoire
Un homme de lettres dans l'embarras à Londres en 1848, voyageait avec une dame. Il donna en nantissement à un prêteur sur gages, la valise qui contenait les objets susmentionnés.
Au bout d’un certain temps, n’étant point payé, et ne trouvant point de placement avantageux à ces différents objets, il céda le tout à Vidocq, lui transportant ses droits de créance. Vidocq est mort, et les décorations, les bracelets et les lettres appartiennent à ses héritiers.
Je ne sais si l’on fera une vente publique des objets délaissés par le défunt. Ce serait curieux."

     Dans les dernières années de sa vie, Vidocq se sentira très seul comme le prouve sa correspondance. Il aspirera encore à la reconnaissance qu'il n'a jamais vraiment obtenu. Mêmes des gens comme Lamartine, qui lui doivent quand même beaucoup se détourneront de lui, ce qui l'affectera grandement.

       Cette reconnaissance, Vidocq ne l'obtiendra jamais, même après sa mort et c'est en partie pour cela qu'a été faite ce site Web.


  FIN




 

   ANNEXES : Correspondance de Vidocq dans le cadre de ses activités d'enquêteur privé

  • Lettre de Correspondance avec le Maire d'Angers   : 27 Septembre 1837 - Dans le cadre du Bureau de renseignements dans l'intérêt du commerce. (Source Archives municipales Angers, pièce 1 J 26)

     

"xxxxxxx xxx"
 

 

 

  • Lettre de Correspondance du Bureau des renseignements universels  : 27 Octobre 1840 - Dans le cadre du Bureau de renseignements universels. (publiée avec l'aimable autorisation de  Christian BORNICHE de l'Union Fédérale des Enquêteurs de droit privé)

            "Mademoiselle,

Ayant à vous entretenir d'une affaire qui vous concerne et qui pourrais vous occasionner des désagréments et des frais,  je vous prie de prendre la peine de passer en mon cabinet au reçu de la présente.

        J'ai l'honneur de vous saluer.
                Vidocq
"

 

  • Lettre de Correspondance du Bureau des renseignements universels  : 9 Octobre 1841 - Dans le cadre du Bureau de renseignements universels. Adressée à Mr Bernard, peintre en miniature, 13, rue Notre Dame de Lorette - Passage de l'Opéra. (Lettre de ma collection personnelle).
     

"Monsieur,

J'espérais que vous accompliriez mieux les promesses que vous m'aviez faites de vous libérer par à compte de ce que vous devez à Mr Wechter mon client. Je vous ai déjà plusieurs fois écrit afin de vous rappeler vos engagements; ces lettres méritaient au moins une réponse vous n'avez pas jugé opportun de la faire, maintenant je vous préviens que si je n'ai pas de vos nouvelles sitôt la présente reçue je me verrai dans la nécessité d'exercer des poursuites qui vous occasionneront des frais et des désagréments.
                            Dans l'attente de votre très prochaine visite
                            J'ai l'honneur de vous saluer.

                                       Vidocq.

- Note haut de page: Le 2 mars écrit à ce débiteur que s'il ne paie pas immédiatement il sera poursuivi
- Note bas de page : Il propose 5 francs par mois ou de faire le portrait de Mr Wechter et de sa femme.

  • Lettre de Correspondance avec le Maire d'Angers   : 27 Juillet 1841 - Dans le cadre du Bureau de renseignements universels. (Source Archives municipales Angers, pièce 1 J 26)
     

"xxxxxxx xxx"
 

 

 



   ANNEXE  : La Galerie Vivienne

  •  Contenu du panneau Historique de la Ville de Paris :

        "En 1823, le président de la Chambre des Notaires, Marchoux, acheta le N°6 rue Vivienne, le N°4 rue des petits champs et le passage des Petits-Pères pour y créer un de ces passage alors à la mode dont il confian la construction à l'architecte Delannoy. Ouverte au public en 1826 en même temps que sa concurrente la Galerie Colbert, la Galerie Marchoux, vite rebaptisée Vivienne, présentait un décor exaltant le commerce : L'ancre pour le commerce maritime, la corne d'abondace, le caducée de Mercure protecteur du commerce. Bénéficiant d'une situation exceptionnelle entre le Palais-Royale, la Bourse et les Boulevards, ce passage connût jusqu'à la fin du Second Empire un succès sans faille : "Aucun ne se trouve mieux placé que lui pour être un foyer brulant de circulation et d'activité". On y trouvait le célèbre restaurant "Grigon", des magasins de mode et de nouveautés, un libraire et des cabinets d'estampes. Vidocq y habita et installa ses Bureaux de renseignements Universels vers 1840 au N°13, dans un immeuble ancien conservé par Delannoy."

  • Quelques Photos de la galerie

 
   

Source des 2 photos encadrées : http://www.spirit-of-paris.com/2006/03/26/stairs-galerie-vivienne.html

Bibliographie