L'origine
de la rumeur
Cette rumeur a pour origine un article paru dans le journal "La Démocratie pacifique" dans son N° du 9 mai 1846 :
"L'ex-chef de police de sûreté, Vidocq, vient de mourir à µSaint-Nicolas, près de Bruxelles. Il paraîtrait qu'il était tombé dans un état voisin de la misère, par suite de fausses spéculations et de nombreux procès qui lui avaient été intentés. On assure qu'il a vendu, dans ces derniers temps, à un éditeur de Bruxelles, des papiers, notes et renseignements très curieux sur diverses familles et personnages de France, à condition toutefois de ne les livrer à l'impression qu'après sa mort, car le secret lui avait été payé, et il voulait avoir de la probité à sa manière et tenir ses engagements. Du reste, depuis une année, ses facultés intellectuelles s'étaient affaiblies, par suite de fréquents excès de liqueurs."
Le journal "La Patrie" se fit un malin plaisir d'être l'écho de cette nouvelle sans en vérifier la véracité (la presse d'alors ne valait pas mieux que celle de maintenant mais elle avait pou excuse de ne pas avoir nos moyens de communication modernes !)
La
réponse de Mme Vidocq
En réponse à ces articles, Mme Vidocq prit la plume à la place de son mari (celui-ci étant en tournée dans un spectacle de ses aventures qu'il donnait à Londres) :
"Paris, le 10 mai 1846. Monsieur le Rédacteur, Dans votre numéro du 9 courant, vous rapportez, d'après un autre journal, un article fort malveillant pour mon mari, et qui, fort heureusement, ne contient aucune allégation qui ne soit mensongère. Vidocq, l'ex-chef de la police de sûreté, est à Londres, où le retiennent de graves intérêts industriels. Jamais il n'a habité Saint-Nicolas, près Bruxelles et si ceux qui annoncent sa mort veulent se convaincre de leur erreur, ils peuvent venir et prendre communication d'une lettre que j'ai reçu de lui aujourd'hui même. Enfin, ceux qui le connaissent savent, et peut-être l'auteur de l'article calomnieux lui-même aussi bien que personne, sait-il que mon mari a conservé la plénitude de ses facultés intellectuelles; qu'il ne se livre à aucun excès de liqueur alcooliques, et que la manière dont il entend la probité ne lui permettra jamais d'autoriser la publication, avant ou après sa mort, de secrets qu'on lui a confiés. Les familles et les personnages que sa discrétion peut intéresser ne doivent conserver à cet égard aucune inquiétude. Je vous prie, monsieur le rédacteur, et, au besoin vous requiers, comme mandataire de mon mari, d'insérer ma lettre dans votre prochain numéro. J'ai l'honneur d'être, etc. Femme Vidocq."
Voilà donc toute l'affaire. Et depuis 1846, on colporte cette information jusque sur le Net et même dans l'édition 2006 du très sérieux "Quid" qui contient un tissu d'âneries concernant Vidocq (dates erronées et pures calomnies en tout genre...une vraie honte pour un ouvrage qui se veut instructif et qui ne fait que colporter de vieux ragots à l'encontre de Vidocq) !!.
La
preuve de la fausseté de cette rumeur
C'est dans les registres de l'église Saint Denys du Saint-sacrement que l'on trouve la preuve de la fausseté de cette rumeur.
"12 mai 1857 Vidocq Eugène / A été présenté en cette église le corps de Eugène François Vidocq, né à Arras et décédé rue St Pierre Popincourt ??? à l'âge de 85 ans (sic); ont signé avec moi.
Signataires :
- Dornier (Médecin de Vidocq depuis 30ans)
- D.M (?????)
- Lefèvre (Famille amie de Vidocq et qui hérita d'une grande part de ses biens)
- Maurice Barthélémy (Ami et biographe de Vidocq) "
La messe fût célébrée par le vicaire Orsant, confesseur de Vidocq