Affiche RESURRECTION
: Juillet 1843-
Affiche publiée après la libération de Vidocq à la
suite d'une autre arrestation arbitraire qui lui aura fait passer près d'un an
en prison.
"RESURRECTION!
VIDOCQ,
(BREVETE DU ROI),
Ex-chef de la police de sûreté qu'il a créé et dirigé pendant 20 ans avec
un succès incontesté"
"IL Y A DES JUGES
A BERLIN...
Ce mot du meunier de Sans-Souci est le plus bel éloge qu' on ait pu faire du Règne des Lois, sous Frédéric-Ie-Grand. La Cour Royale, dans le procès qui m'a été intenté, vient de prouver qu'il EST AUSSI DES JUGES À PARIS! Honneur donc à l'austère indépendance des Magistrats qui la composent ! Tout le monde a pu lire dans les journaux : mon arrestation préventive du 17 août 1842, les perquisitions faites dans les bureaux de mon administration de Renseignements Universels, galerie Vivienne, 13, la mise sous scellés de tous mes dossiers, puis leur translation au Parquet, enfin l' enlèvement de mon tableau d'enseigne. Ces rigueurs excessives, les inculpations graves dont je fus immédiatement l'objet, et que toutes les feuilles publiques ont reproduites, une instruction qui s'est prolongée pendant neuf mois, qui a entendu plus de 500 témoins, à Paris, autant dans les départements et à l'étranger, visité et examiné scrupuleusement près de 8000 dossiers, contenant environ 60000 affaires diverses, sans qu'une seule plainte ait surgi, pendant que je gémissais sous les verrous et que j' appelais de tous mes voeux l'heure trop lente de la justice; tout cela avait éveillé la curiosité publique. C'est avec étonnement qu'on vit ce procès monstre, si dramatiquement gonflé de crimes, dès son origine, se transformer subitement en un simple procès de police correctionnelle; cet étonnement redoubla lorsque les premiers débats laissèrent apercevoir, malgré tous les efforts de l'accusation, le véritable caractère des délits imaginaires qui m'étaient reprochés, et il fut à son comble, quand, la direction donnée aux seconds débats par la Cour Royale, arracha le voile mystérieux dont était encore entourée cette déplorable affaire, et laissa voir à tous, la vérité toute entière. la Cour fit justice des prétendues charges de l' accusation et du premier juge- ment qui m'avait frappé, elle n'eut pas même besoin d'entendre la plaidoirie de Me LANDRIN, avocat, qui me prêtait l'appui de son chaleureux talent, pour former sa conviction, et rendre, après quelques minutes de délibération, et sans sortir de la salle d'audience, un arrêt, dont tous les termes sont, pour moi, on ne peut plus honorables. Cette fois, comme en 1837, mon innocence a triomphé, et mon établissement ne sera pas fermé, au grand désespoir de mes calomniateurs. Si quelque chose pouvait compenser ma ruine et une captivité de près d'une année, je devrais m'applaudir des rigueurs qui ont pesé sur moi, car elles m'ont procuré l' occasion de me faire enfin bien connaître, ainsi que mon établissement ; elles m'ont d'ailleurs valu les témoignages de bienveillance de la haute magistrature et du barreau, les réflexions toutes favorables des journaux et les sympathies de mes clients, qui ont pu voir combien je leur étais dévoué, et quelle différence existait entre mon établissement et l'officine de faiseurs de sales affaires, de transfuges, dont l'incapacité n'est égalée que par l'envie qu'ils portent à ma prospérité. Aujourd'hui que l'arrêt de la Cour m'a rendu l'honneur et la liberté, je continuerai la tâche que j' avais entreprise, et à laquelle j' ai été si violemment arraché. Si j'ai acquis de nouveaux droits à la confiance du commerce, un nouveau lien m'a également attaché à lui, la reconnaissance pour l'intérêt qu'il n'a cessé de me témoigner, cette nouvelle dette je l'acquitterai par de constants efforts pour extirper la race entière des faiseurs qui le désolent, Les mesures plus que rigoureuses prises contre moi, et dont l'effet aurait pu froisser certains intérêts, ne doivent effrayer personne, maintenant que la justice a été à même d'examiner jusqu'au plus petit rouage de mon établissement, et d'en apprécier l'utilité et la moralité, une nouvelle razzia n'est pas à craindre, les inquiétudes que la calomnie seule avait éveillées, se sont dissipées; sous l'égide des lois je pourrai développer une industrie dont le commerce est appelé à recueillir les fruits; je ne mentirai pas à ma devise: Haine et guerre aux fripons, dévouement sans borne au commerce."