AVENTURES ET EVASIONS (1794-1811)
Bruxelles est à l'époque, le repaire de tous les malfrats et Vidocq y vit d'escroqueries diverses. Après l'une de ses escroqueries, les gendarmes tentent de l'appréhender mais il leur échappe après les avoir enivré, c'est sa première évasion. Après avoir été déserteur il devient maintenant recherché pour évasion.
De 1795 à 1796, Vidocq bouge beaucoup : Bruxelles, Arras, Paris, Lille (d'où il tirera plus tard, ses souvenirs des Chauffeurs du Nord). Il y parfait sa connaissance du milieu.
En 1795, il rejoint l'Armée roulante sous l'uniforme d'un Capitaine de hussard et sous une fausse identité (l'Armée roulante est une troupe d'escrocs déguisés en soldats qui profitent de cette apparence pour abuser les gens crédules tout en restant bien éloignés des champs de bataille). Il quittera l'Armée roulante et partira pour Paris où il arrive le 2 mars 1795 non sans avoir au préalable escroquer une riche veuve de 15 000 Francs-or
(dans ses mémoires, il indique qu'elle lui en fait cadeau mais à cette période,
étant donné le peu de scrupules du jeune Vidocq, on peut en douter).
Il fréquente le milieu parisien mais n'arrive pas vraiment à s'y intégrer. Il quittera donc Paris et retournera dans le Nord ou il fréquentera un temps des bohémiens tziganes.
Il quitte ces derniers pour une femme très volage qui le trompe avec un militaire. Un beau jour, Vidocq surprend les deux amants et rosse le militaire. Ce dernier porte plainte contre Vidocq qui est condamné à trois mois de prisons, c'est sa première vraie condamnation. Vidocq a 20 ans, il est emprisonné à Lille,
Tour Saint-Pierre.
Vidocq s'intègre parfaitement dans l'univers carcéral et en comprend rapidement les rouages. C'est à l'occasion de cette incarcération qu'il commettra l'erreur qui le suivra toute sa vie durant.
Les faits sont les suivants :
Vidocq fait connaissance avec deux condamnés pour faux : Jean-François Grouard et César Herbaux qui désirent faire évader un certain Sébastien Boitel, laboureur condamné pour avoir volé du grain pour sa famille (si les deux faussaires aident Boitel c'est uniquement dans le but d'en tirer quelque profit
et de mauvaise langue diront que Vidocq attendait aussi une rétribution pour sa
participation, ce qui est tout à fait possible).
Boitel est de santé fragile et une évasion classique (par tunnel ou par le mur) n'est pas envisageable. Selon Vidocq, c'est Herbaux qui imagine donc de faire un faux ordre de mise en liberté (certains historiens pensent plutôt à une idée de Vidocq).
La création du faux ordre est en marche.
Les versions sont différentes quant à la participation de Vidocq dans cette
affaire. Une première version dit que Vidocq qui possédait une cellule
individuelle ne fit que prêter celle-ci le temps de la fabrication du faux
ordre. Une autre version dit que Vidocq possédait un cachet militaire qui
servit à donner un aspect plus officiel au document.
Néanmoins, Herbaux et Grouard chargeront Vidocq au cours du procès et ce dernier sera
condamné le 27 Décembre 1796 à 8 ans de bagne pour faux.
Un certain flou entoure
donc la participation de Vidocq à ce délit, toutefois on trouve quand même un
élément de réponse dans le texte de Charles Ledru
"La Vie, la mort et les derniers moments de Vidocq..." où l'auteur cite Vidocq
sur son lit de mort en lui faisant dire "Mais une faute
de légèreté faite à Douai dans la raison de Saint-Pierre, pour faire évader un
pauvre paysan qui se sauva moyennant une clé que j'avais faite dans la
prison... changea ma destinée", ce qui semble constituer un aveu de
culpabilité.
Entre 1796 et 1799, il alternera séjours en prison et évasions, il connaîtra
tour à tour les prisons de Douai, Lille, Cambrai, Bicêtre où il apprendra la
savate, le bagne de Brest dont il s'évadera le 28 Février 1798 sous les
tonnerres de Brest.
En 1799, après avoir joué le marchand de Boeufs, Vidocq voyage de Cholet à Paris
puis Arras, Bruxelles, Ancer puis Rotterdam où il se fait enrôler de force sur
un vaisseau Hollandais.
Après une brève carrière de marin, il sera à nouveau arrêté, transféré à Bicêtre
le 22 Juin 1799 puis le 3 Août au bagne flottant de Toulon d'où il s'évadera le 6 mars 1800 (A lire le
portrait de Jossas, connu sous le nom de marquis de Saint-Amand de Faral, un voleur célèbre rencontré par Vidocq durant ces transferts).
De 1803 à 1805, il vivra du commerce de tissus avec sa mère. Il sera de nouveau
arrêté puis s'évadera.
De 1806 à 1808, il mènera vie aventureuse et fera de nouvelles tentatives
commerciales.
En 1809, il est de nouveau arrêté. Et décide d'en finir avec cette vie
marginale. Il offre ses services à la Police pour dépister les criminels
incarcérés sous de fausses identités et le 20 juillet, il est écroué à Bicêtre
où il commence son travail d'indicateur. Le 28 Octobre, il continue ses mêmes
activités à la prison de La Force.
Sa courte carrière de mouchard sera couronnée de succès et se fera avec
l'admiration du Préfet de Police,
Mr Louis-Nicolas Dubois (1758-1847 Premier
Préfet de Police de Paris nommé par Napoléon 1er le 8 mars 1800) et du chef de
la deuxième division de la préfecture de Paris, Mr Jean Henry, chargé de la
répression du banditisme (ce même Mr Henry sera son protecteur durant plusieurs
années et bien qu'âgé et impotent, il est considéré comme un homme intègre avec
de grandes aptitudes à démasquer les menteurs et à juger les prévenus qui se
présentaient à lui).
En octobre 1810, le
Baron Etienne-Denis Pasquier remplace Dubois à la préfecture et Vidocq sort
définitivement de prison en simulant une évasion. En automne 1811, on organise
la police de sûreté. Vidocq recrute ses agents parmi les gens du milieu. Le 31
Mars chef de la brigade de sûreté.
Vidocq, Chef de la Brigade de Sûreté de Paris